16ème année
Dernière mise à jour : vendredi 22 janvier 2016
Trois nouveaux "
anciens" prénoms vestiges, en voie de disparition :
Prénoms algériens authentiques
conseillés aux jeunes parents pour leurs enfants
et quelques faux prénoms à ne pas utiliser
Aller directement vers les listes
INTRODUCTION
Très souvent, pour bien individualiser leur enfant, la motivation de la plupart des parents est d'éviter à la fois un prénom trop répandu, et un prénom extravagant par sa rareté ou par sa signification.
Le Dictionnaire Larousse définit ainsi le terme prénom : prénom, du latin praenomen, nom particulier joint au patronyme et qui distingue chacun des membres d’une même famille.
Au-delà de cette définition familiale apparemment innocente, dans la réalité, le prénom est au carrefour de la tectonique de forces sociétales, idéologiques, religieuses, politiques. Notre pays est au centre de puissances agissantes chaque jour un peu plus agressives : les arabo-baathistes veulent toujours plus d’arabisation, les intégro-islamistes toujours plus d’apparence, les évangélistes également ne perdent pas leur temps pour ajouter au désarroi des gens les plus fragiles. Les enfants se trouvent malgré eux être l’enjeu de ces luttes titanesques qui veulent toujours plus de « pureté ». L’effet de mode n’est pas en reste : il joue un rôle majeur dans l’attribution des prénoms depuis quelques années, les séries égyptiennes n’y sont pas pour rien. La mode est éphémère mais le prénom, marqueur identitaire s’il en est, s’inscrit dans la pérennité même : la mode passe mais le prénom demeure !
Du fait de l’effet bulldozer de ces forces en apparence contradictoires mais complémentaires (car ayant un but commun : la substitution purement et simplement de l’identité des générations à venir), nous assistons depuis une vingtaine d’années, dans toute l’Algérie et particulièrement en Kabylie, à une véritable opération de destruction de notre réservoir de prénoms. Des prénoms spécifiques à notre pays sont entrain de disparaître : Mohand, Bouguerra, Leḥmer.
Le prénom a une puissance sociale sans comparaison : c'est un bien gratuit de consommation obligatoire mais il n’est jamais anodin. S’il ne coûte rien aux parents, en revanche il peut se révéler très coûteux pour celui qui devra le porter sa vie durant et parfois le léguer à ses descendants.
Normalement sa seule utilité objective ira dans le sens de l’intérêt de l’enfant. En France, il y a quelques années, un citoyen portant depuis des lustres, par sa généalogie, un nom homonyme d’une marque de voitures, voulait prénommer sa fille Mégane : ce prénom a été rejeté par la justice car contraire aux intérêts futurs de l’enfant. Dernièrement, toujours en France, quelqu’un voulait prénommer sa fille Canette, il a été heureusement débouté.
Avant l’indépendance de notre pays, le choix du prénom relevait des prérogatives de la famille élargie : les grands parents, mais aussi les oncles, les tantes, tous avaient leur mot à dire ; le père et la mère aussi. Ce consensus assurait une grande stabilité dans l’attribution des prénoms malgré une redondance certaine.
Depuis quelques années, avec le naufrage de la famille élargie, il arrive souvent que c’est à la salle de maternité où se déroule l’accouchement que se décide le prénom du nouveau-né, surtout quand il est de sexe féminin : devant le désarroi de l’accouchée, il arrive très fréquemment que la sage-femme de service attribue le prénom, souvent selon la série de TV vue la veille ; c’est ainsi que nous avons tous ces prénoms aberrants. Il est inutile de rappeler que les algériens souffrent d’une forme particulièrement sévère d’un syndrome universel, le syndrome de Yentl.
Dans tous les pays existe une liste des prénoms faisant généralement partie du patrimoine identitaire du pays. La gestion de cette base de données relève des prérogatives de l’Etat. On ne peut prénommer que dans de le cadre de cette liste officielle, sauf dérogation spécialement motivée. On ne peut pas prénommer son prénom comme on veut. Lui donner un prénom fantaisiste soi-disant « non typé » fera de cet enfant un futur déraciné, un herragua dans le prénom avant de l’être dans les faits.
Dans les mairies kabyles puisque ce sont celles que nous connaissons le mieux, mais le phénomène est national, au nom d’une liberté « toxique » car pervertie, cette liste légale n’existe plus ou n’est plus pratiquée depuis des années. Laxisme, ignorance, dépersonnalisation ont trouvé un terreau fertile et prospèrent devant l’absence de l’Etat.
Les prénoms dits kabyles ou berbères ou algériens ou maghrébins qui circulent sur INTERNET et notamment sur Wikipedia sont faux pour la plupart. Quelles que soient les motivations des personnes qui diffusent ce genre de listes, ils contribuent à une chose : l’altération de la personnalité autochtone. Il s’agit dune véritable escroquerie culturelle.
De par la puissance de toutes ces forces supranationales en action, les algériens perdent chaque jour un peu plus leurs repères : ce qui faisait leur spécificité au milieu des autres êtres humains est entrain d’être gommé, faisant d’eux un peuple déprécié, dévalué à ses propres yeux, posant sur lui-même un regard ironique à l'occidentale ou à l’orientale. C’est selon.
Choisir pour leur enfant un prénom issu d'une civilisation dominante ou soi-disant prestigieuse signe le début du renoncement par les parents à leur culture d'origine, native.
Nous allons, par l’intermédiaire de cette modeste page, tenter de placer un caillou dans les rouages de cette puissante et monstrueuse machine à broyer les prénoms, entre autres. Nous proposons par la même occasion une série de prénoms anciens, « démodés » mais pouvant être revalorisés car portés par des personnalités faisant ce qu’il nous reste de fierté.
Mohand Ouchaâlal
Voici le plan de cette page. Sur le Web, il suffit de cliquer sur le lien pour avoir la liste.
II._ PRENOMS Specifiques à certaines régions arabophones
III._ Prénoms « historiques » :
IV. _OrigineS et détails des « Néo-prénoms » apparus récemment :
V._ PRENOMS INTRODUITS récemment :
1._ PRENOMS INTRODUITS récemment à partir du Moyen-Orient
2._ PRENOMS INTRODUITS récemment par les évangélistes
VI._ PRENOMS « fabriqués » récemment par « ignorance » et effet de mode:
VII._ PRENOMS de fierté nationale
VIII._ADDENDAS :
N°1 : Notre
lecteur se pénommant INIG
N°2 : Les prénoms berbères, de l'interdiction à la dérive, par Kouceila Zerguine
NB sur la transcription : Ǧ = Dj, Ɛ = Â, Ɣ=Gh, X=Kh, c=CH
LISTES DES PRENOMS
Ces prénoms existent dans toute l’Algérie. Il existe quelques petites différences de transcription et de prononciation
entre les régions berbérophones et arabophones.
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Akli Amezyan Arezqi Azwaw Aεrab Baya Belqasem Belεid Btitra Blal Brahim Braham Bujemεa Busseεd Busεid Buzid Buεlam Cabḥa Cafaε Cafiεa Caεban Crif Crifa Ḍawiya Dehbiya Deḥman Ḍrifa Ɛebdelqader Ɛacur Ɛaziz Ɛaziza Ɛebdelḥalim Ɛebdelkrim Ɛebdella Ɛebdelmajid Ɛebdelmalek Ɛebdelqader Ɛebdelwahab Ɛebdelεaziz Ɛebdennur Ɛebderaḥman, Ḥmanu Ɛebderzaq Ɛebdeslam Ɛemran Ɛetman Ɛica Ɛini Ɛisa Ɛli Ɛmara Ɛmer Ɛmiruc Ɛumar Ɛziza Faḍila Faḍma Faṭima Fayza Fazya Ferawsa Feṭṭa Gana Hacmi Ḥakim Ḥakima Ḥalim Ḥanafi Haniya Ḥasen Ḥciya Ḥend Ḥesna Ḥjila Ḥlima Ḥmana Ḥmed Ḥnifa Ḥsen Ḥuriya Ḥusin Idir Idris Jamal Jamila Jaziya Jaεfer Jejiga Jida Jilali Juher Juhra Kamal Karim Karima Kayes Kaysa Kella Keltuma Kuku Latifa Lehna Leḥlu Lewnis Lexḍer Leεmara Lhadi Lḥanafi Lḥusin Ljazira Ljida Ljuher Lkayes Lmajid Lmeḥfuḍ Lmextar Lmuhub Lmulud Luna Lunǧa Lunis Lwennas Lwiza Lxamej Lyaqut Lεelja Lεekri, Σekri Lεerbi Lεifa Madjid Malek Malḥa Malika Mbarek Mbarka Megduda Tiuca Tsuba (ţuba) |
Meɣniya Meḥfuḍ Mekyusa Melxir Melεez Mennac Mennad Mennana Meqran Meryem Merzuq Messeεd Mestafa Mesεud Mesεuda Mextar Mezhura Mezyan Mḥemmed Mḥend Mhenna Mhenni Mnewwer Mninuc Muḥend Muḥemmed Mula Muni Murad Musa Myasa Mεemmer Nadiya Nadya Nafeε Naser Nasira Newwara Nura Nurdin Rabeḥ Rabiε Racid Remḍan Roza Sadeq Saleḥ Salem Saliḥa Salim Saluja Samir Samira Samiya Saci Sassa Saεdiya Saεid Saεida Sedda Sekkura Sseεdi Sɣir Sɣira Sliman Smaεil Smina Sεid Tameɛzuzt Taɛacurt Ṭaher Taklit Tariq Taqemusit Tasaεdit (Ɛdidi) Ṭawes Terki Terkiya Ṭeyyeb Ṭiṭem Tudert Tunes Utudert Waεli Werdiya Wezna Wiza Wrida Xaled Xalfa Xdija Xelluja Xlifa Xlija Yamina Lyasmin Yasmina Yeḥya Yesεed Yeεqub Yidir Yunes Yusef Zahiya Zakiya Zalgum Zayna Zehwa Zina Zineb Zubida Zubir Zuhra Zulixa Zwina Zzhur Ghaliya Ghaniya Ghenima Tayidirt Lunǧa Taqemmusit Latamen Layetmas Lɛekri Luna Latamen Layetmas Izem (Kabyles de Syrie) Ruẓa Terbeh Mira Hiba Yakout Betitra (l)Akri(a) Hesni Tekfa Tin-Hinan Hemmama Baâziz Hadka
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II._ PRENOMS Specifiques à certaines régions arabophones
Même ces régions ne sont épargnées par cette vague destructrice. Des prénoms qui leur sont spécifiques sont entrain de disparaître. Ces prénoms en dehors des prénoms d’origine religieuse, sont traditionnellement dérivés des couleurs, du temps qu’il fait, du jour de naissance dans la semaine. Outre les prénoms « classiques » énoncés ci-dessus, nous citerons par
exemple :
Leḥmer
Lezreg
Lekḥel
Rebɛi
Xemmisi
Ǧemɛi
Sebti,
Buguerra
Buras
Lɛarem
Les prénoms conjuratoires étaient donnés pour conjurer le mauvais sort, pour lutter contre le mauvais œil et la maladie. On pensait pour ainsi augmenter les chances de survie de l’enfant à une période où la mortalité infantile faisait des ravages. Nous citerons :
Zoulikha
Lɛifa
Lxamej
Lɛayachi
Barkahoum
Lmeṭeyyech(a)
Teyyucha
Un prénom conjuratoire serait de nos jours mal vécu par l’enfant : Lxamej, Akli, Aberkan, Barkahoum, Layatmas, Zoulikha, Lekhel. Autrefois ces prénoms étaient portés avec fierté.
D’autres prénoms plus anodins sont en train de disparaître :
Bornia
Lmehri
Lgaher
Rebbah
Touhami
Lɛemri
Mahdjoub (a)
Yugariten
Masnsen
Aksil (Quseyla)
Yuba
Iferman
Geldun
Tin-hinan
Dihya
Kahina
Dassine
Takfarinas
Amastan
Ziri
Antalas
Gaya
Yeghmorasen
IV. _Origine et détails des « Néo-prénoms » apparus récemment :
Yanis = Jean = John = Yaḥya
Ghilas = tigre
Salas = pilier
Amayas = léopard
Taninna = oiseau mythique
Tamilla
Tanina
Sedda = lionne
Yann = prénom celte (breton)
(t) Amazigh (t)
Tiziri = Lune
Imsis
V._PRENOMS INTRODUITS
récemment
Devant cette « déculturation » agressive, ils sont
entrain de squatter tout notre espace, d’est en ouest, du nord au sud.
Des prénoms slaves (russes) introduits dans la 2ème
moitié de XXème siècle ont déjà réussi leur « greffe ».
Exemples : Nadia, Sonia, Lynda, etc. 3 iimedyaten-a tura dayen mmuzɣen !
1._ PRENOMS INTRODUITS récemment du Moyen-Orient :
Attention :
Culturellement et traditionnellement ces prénoms ne sont ni
berbères ni algériens. Devant cette « déculturation » agressive, ils
sont entrain de squatter tout notre espace, d’est en ouest, du nord au sud.
Raouf, Rayan (pour le garçon), Rayane (pour la fille), Racha (prénom afghan), Leyth, Sif-eddine, Yousra, Nour El Houda, Hidayette, Islam ,Mayssa, Samy, Anais, Walid, Bader, Marwa, Ibtisem, Adel, Nazim, Sana°, Kamelia, Ikram, Dounya, Chanez, Lyna, Aimed, Racim, Wassim, Nerrmine, Razane, Ishaq …
2._ PRENOMS INTRODUITS récemment par les évangélistes
Attention :
Culturellement et traditionnellement ces prénoms ne sont ni berbères ni algériens.
Maya, Abel, Kayan, Kristel, Ania, Yelenna, Alice, Alicia, Elissa, Malik, Neyla, Timmi, Laeticia, Dyna, Mayli(ze)
Pour nos compatriotes de confession non musulmane, au lieu d’infliger à leur descendance des prénoms biscornus sans aucune âme, plus adaptés aux caniches qu’à de petits Algériens, on pourrait proposer :
Nouh ( = Noé )
Ɛisa ( = Jésus )
Meriem(a) ( = Marie )
Yahya ( = Jean = Yanis )
Idris ( = Henoch)
Yaâqub ( = Jacob )
Haroun ( = Aaron )
Yousef ( = Joseph)
Luqa ( = Luc )
Bulus ( = Paulus =
Paul)
Gelaz (Gelase)
Il en existe sûrement d’autres.
Les
prénoms prestigieux tels que Augustin, Donat pourraient être
utilisés. Gelaz (Gelase) est le pape « inventeur » de la fête de la
Saint-Valentin.
VI._ PRENOMS « fabriqués » récemment par « ignorance » et effet de mode :
Attention : Ces prénoms sont faux. Ils ne sont ni berbères, ni algériens.
Afenṭazi, Cherine, Sérine, Sirina, Diana, Dyna, Dylane, Mayli(ze), Imsen, Melissa, Célia, Litisya, Laeticia, Ninda, Manyette, Hora. Axel est un avatar de Aksil (Quceyla), Skander ( = Alexandre ?), Fady, Irine, etc., etc.
VII._ PRENOMS de fierté nationale (héros de la GLN, artistes nationaux)
Ces prénoms « classiques » sont valorisants. Il
pourront l’être davantage si l’on rappelle qu’ils sont / ont été portés
par des personnalités, faisant notre fierté nationale. Des héros de la
guerre de libération nationale, des artistes, des écrivains ont été prénommés
ainsi :
Hassiba
Amirouche
Abdelkader
Lwennas
Lounis
Idir
Belqasem
Lɛerbi
Ramdane
Mustapha
Mouloud
Muḥend-Aârab
Yacine
Waâli
Hocine
Ahmed
Tahar
Ali
Ferhat
Slimane
Saεid
Mohamed
Faḍma
Muḥend-Ameẓyan
Cette liste n’est pas
limitative ! Notre patrimoine « prénoms » est tellement riche. Il est
aussi très fragile et victime de prédateurs !
On pourrait même y ajouter des prénoms tels que : Maurice (en Hommage à Maurice Audin) , Fernand ( en Hommage à Fernand Yveton, Pierre ( en hommage à Pierre Chaulet ) etc. Ils ont été nombreux à avoir donné ou consacré leur vie à leur pays.
Notre lecteur se prénommant INIG, d’après son courriel, nous fait parvenir les informations suivantes :
Timmi est un prénom chleuh (encore en usage)
De plus, il y a quelques jolis prénoms féminins de Petite Kabylie hélas en voie de disparition : Mnana, Wedda, Zuba et Braham (les Touaregs appellent aberhem une personne ou un animal de couleur blanche avec des tâches < du verbe berhem).
Braham est cité ci-dessus (prénoms « classiques). Zuba est cité ci-dessus sous la forme Tsuba ( ţuba )
Frawsa,
Taqemusit, Lεekri (Σekri) sont des prénoms "vestiges"
portés encore en Kabylie.
IX._Addenda
n°2
par Kouceila Zerguine
Si le télescope européen " Gaïa " a pu
atteindre le 08 janvier 2014 son orbite opérationnelle dans l'espace, à quelque
1,5 million de kilomètres de la planète Terre, hélas, cette finalité n'a pas
été la même pour le nouveau-né " Gaïa ", qui n'arrive toujours pas à
trouver son chemin vers le registre de l'état civil de la commune de sa
naissance à Arris, depuis le 30/07/2013.
Et pour cause : les officiers de l'état civil continuent à faire la pluie et le
beau temps, " Libre aux parents d'aller aux tribunaux ! ". Après
la déclaration de l'officier de l'état civil de Arris (Batna), "… on
n'inscrit pas des prénoms sans signification !", alors que la condition de
" la signification " n'a jamais figurée dans l'article 64 du code de
l'état civil. Nous assistons aujourd'hui à un énième ébahissement, une première
dans l'histoire de l'identité nationale, puisque désormais donner des prénoms
berbères aux nouveau-nés est contraire à la charia (L'islam). Cette "
jurisprudence " n'est pas le fruit d'une fatwa émise par " un
pseudo-mufti ", encore moins une plaisanterie pour distraire les esprits,
mais plus précisément un des arguments avancé par la défense de l'APC de Arris
(Batna) lors de l'affaire " Gaïa "- Tribunal administratif de Batna-.
Selon ladite défense, qui a demandé en cette occasion de débouter la demande du
demandeur (le père de Gaïa). Ce dernier voulait profiter de cet heureux
évènement (la naissance de son premier fils) pour l'honorer d'un prénom amazigh
de ses origines, de sa culture et de son histoire millénaires, celle de la
Numidie.
Les arguments soulevés par la défense trouvent en effet leur origine dans une
autorisation accordée par le législateur algérien aux parents appartenant à une
confession autre que l'islam, afin d'inscrire leur progéniture sous des prénoms
en corrélation avec leur spécificité religieuse. L'Article 64 alinéa 2 du code
de l'état civil prévoit clairement que :" Les prénoms doivent être de
consonance algérienne ; il peut en être autrement pour les enfants nés de
parents appartenant à une confession non musulmane ". Donc, cette
dérogation ne concerne en aucun cas, bien évidement, les prénoms de consonance
algérienne, plus précisément amazighs, du fait qu'ils répondent au premier
critère, prévu par le même article, celui de " l'algérianité ", qui
ne nécessite d'ailleurs pas même d'y revenir sur sa définition après
l'amendement de la constitution de 1996(1).
De même et selon toujours la logique de la défense de l'APC, les parents ne
doivent pas être seulement de confession non musulmane, mais ils doivent
également le prouver,"… le prénom de Gaïa est contraire à la charia… le
père de l'enfant est un algérien musulman sauf s'il prouve le contraire ! … ".
La charge d'apporter la preuve incombe alors aux parents ! Puisque selon ce
raisonnement la définition de l'Algérien ou de l'algérianité est toujours à sa
case de départ; donc définie comme telle : " arabo-musulmane ".
Plus étrange dans l'analyse de cette prohibition (toujours selon la même
défense) " …le père de l'enfant Gaïa n'a pas respecté les dispositions de
charia El Islamia (l'islam) comme s'est pratiquée par le prophète … le récit du
prophète Mahomet (QSSL) dit: " les meilleurs prénoms sont ceux avec lesquelles
on adore et on loue". Bien que le Hadith (récit) n'est pas authentique,
puisque le seul récit authentique sur ce sujet dit : " Les meilleurs des
noms au regard d'Allâh (Dieu) sont `AbdAllâh et `Abd Ar-Rahmân "(2).
Le critère prévu par l'article 64 du code de l'état civil doit donc (selon la
défense de l'APC) céder sa place à la pratique héritée par le prophète, même si
l'esprit dudit récit sur lequel la défense s'est basée n'interdit pas, mieux
encore, il est cité - dans l'esprit du récit - à titre préférentiel ! Or
l'islam n'est pas une source directe de la vie législative, mais plus
exactement une source " subsidiaire du droit ".
Selon l'article 01 Alinéa 02 du code civil : " En l'absence d'une
disposition légale, le juge se prononce selon les principes du droit musulman
et, à défaut, selon la coutume ", le même principe est prévu d'ailleurs
par l'article 222 du code de la famille. En d'autres termes, la loi prime sur
les matières rapportées, que ce soit auprès des instances judiciaires, qu'auprès
des espaces institutionnels de l'Etat. Le cas contraire, " les principes
du droit musulman ", devraient être comme tels : le raisonnement par
analogie, le juste-milieu, et le rationnel, peuvent dans le cas récent servir
comme une batterie de réserve.
Dans le même ordre d'idées de ladite défense, et si on suppose bien que ces
parents ont réussi à contourner cet article, il est probablement possible donc
- selon cette logique - de revoir les décisions sur lesquelles les prénoms
berbères ont été accordés, en raison que le fondement juridique sur laquelle la
décision a été accordée, est frappée par l'illégalité, ce qui ouvre droit à
l'APC en question de demander potentiellement son droit à l'abrogation de
quelconques prénoms berbères. Entendu que toute violation aux dispositions de
la charia, résulte le plus logiquement possible à une sanction sinon à une
" repentance ". Il aurait été donc souhaitable pour ladite défense de
se prononcer également sur la nature de la sanction!
Quand le religieux prime sur le juridique !«Pêle-mêle»
Les arguments soulevés par la défense de l'APC de Arris nous rappel bien la
mésaventure vécue par l'avocat-stagiaire Me Youcef Benbrahim de l'ordre des
avocats de Sidi Bel Abbès, suspendu (selon ledit avocat), du fait que celui-ci
avait refusé de participer à un sit-in devant le tribunal de la ville, organisé
par la même corporation. Non pour dénoncer les violations d'atteintes aux
droits de la défense, encore moins, la situation actuelle de la profession.
Mais étrangement, pour protester contre un film provocateur offensant le
prophète! Une affaire très vite déviée à un litige de nature religieux, suite à
la déclaration du bâtonnier de Sidi Bel Abbes, reprise par la presse
nationale:
"… un sit-in a été organisé comme preuve de soutien au Prophète. Tous les
avocats se sont rassemblés, sauf Youcef Ben Brahim. S'il n'est pas de
confession musulmane, nous rencontrons un problème, car les avocats prêtent
serment sur le Coran. Et si Ben Brahim prête serment sur le Livre sacré, et
qu'en réalité il n'est pas musulman, il y a une contradiction ! ". Donc
cet avocat stagiaire avait lui-aussi l'obligation et la charge de prouver qu'il
est musulman, pour répondre à un certain critère qui ne réside que dans la
fiction ! Alors même que le sujet est censé ne pas l'être, puisque la religion
de l'avocat n'a jamais été mise en cause par quelconque texte régissant la
profession d'avocat depuis.
Une fausse solution à un sérieux problème
La liste des 300 prénoms amazighs promise par l'ex-ministre de l'intérieur,
depuis plus d'un an, n'a pas pu voir le jour. Le problème perdure. Cette liste
porte en soi-même l'ingrédient d'une série de contradictions, avant même sa
sortie. D'abord, le principe de " la limitation " en tant que tel est
contestable. Puisque l'application sur le terrain laisse à désirer plus. Pire
encore, soumettre l'histoire et la culture amazighe à seulement 300 prénoms
semble plus proche de l'ironie, de l'aberration que du rationnel (3). Et comme
s'il fallait en rajouter, la déclaration faite par le même ex-ministre de
l'intérieur lors de sa sortie à Tindouf (le 24/07/2013), ou il précise que
" les prénoms berbères seront inscris en langue arabe ", pour éviter
selon lui, les fautes d'orthographes ! Pose de facto une série d'anomalies. Quelle
est la valeur juridique d'une décision prise par un ministre qui va à
l'encontre de la loi, si ce n'est pas la non-conformité, entendu que l'article
02 du décret 81-26 relatif à la nomenclature des prénoms, stipule que : "
les prénoms doivent être inscris en langue national ", ce qui est
assurément le cas pour la langue tamazight (Berbère) ; du faite que cette
dernière est considérée comme telle depuis l'amendement de l'article 03.bis de
la constitution algérienne (la loi n°02-03): " Tamazigh est également une
langue nationale ". Certes les rédacteurs de ce texte n'ont pas prévu
cette situation : Une donne que les praticiens du droit ne peuvent outre
passer.
S'ajoute à cela, le devenir des prénoms berbères portant la lettre " V
", ne figurant pas dans l'alphabet arabe, tels que : " Massiva,
Youva, Massilva … " n'ont tout simplement pas de place dans ce qui
ressemble à un dénouement.
Du panarabisme à l'islamisme … l'abrutisme!
L'enchainement de l'histoire ancienne et contemporaine de l'Algérie, marquée
par le passage de plusieurs civilisations et cultures. Pour se reconvertir
après l'indépendance à un second passage de nature idéologique, doctrinal.
Celui-ci lègue après plusieurs décennies, un héritage mitigé pour une société
en quête de repères, entre " un orientalisme " rétrograde, et "
une occidentalisation des valeurs ", qui ne s'exprime que dans la
consommation.
Cette réalité, pèse dans la mesure où l'appréciation de l'officier de l'état
civil, ne se limite pas sur la problématique pour déterminer le concept de
" l'algérianité ", mais plus largement encore, sur celui de "
l'usage et la tradition ". L'article 64. Aliéna 3 du code de l'état civil
cite clairement que : " Sont interdits tous les prénoms autres que ceux
consacrés par l'usage ou par la tradition ", (une des exceptions soulevées
aussi par la défense de l'APC), autrement dit, les deux concepts précités
doivent également y avoir une interprétation, et pour la énième fois, au regard
de la culture et du savoir de l'officier de l'état civil ou de la personne dont
les prérogatives ont été mandatées, ceci pour se prononcer sur le devenir de ce
qui est définie comme étant " identité " de la personne.
De même, peut-on après plusieurs décennies de l'instauration du "
rouleau-compresseur " de l'arabisation de l'environnement (4) parler de
" l'usage ou la tradition ", dans une société de culture hétéroclite,
ou les valeurs diffèrent dans la même cellule familiale?
Néanmoins la question qui vient à l'esprit, est la suivante : Quel critère le
législateur algérien a choisi pour ceux dont la responsabilité est extrêmement
sensible ? A-t-il opté pour des qualifications intellectuelles, voir
instructives ? Ou d'autres qualités d'une importance avérée?
Hormis l'âge limité à 21 ans et un emploi permanant, aucun autre critère n'est
requis pour l'exercice de cette fonction. Article 2 du code de l'état civil
indique expressément que : " Le président de l'assemblée populaire
communale peut, sous sa responsabilité, déléguer à un ou plusieurs agents communaux
occupant les emplois permanents, âgés au moins de 21 ans, les fonctions qu'il
exerce en tant qu'officier d'état civil, pour la réception des déclaration de
naissances …, de même que pour dresser tous actes relatifs aux déclarations
ci-dessus "). Quoi qu'il en soit, la réalité dépasse l'imaginaire.
Cependant, n'aurait-il pas mieux fait de revoir cette censure qui ne dit pas
son nom, " truffé de subjectivité et d'arbitraire", pour laisser sa
place à la consécration et à la jouissance des libertés individuelles des
citoyens ? Si la problématique du refus d'inscrire des nouveau-nés sous un
prénom amazigh dégage de réflexions insensées, ceci dénote l'absence d'un
projet de société, voué à la déperdition des valeurs où le sens de
l'algérianité et les valeurs locales deviennent étrangères chez-soi.
" La reconnaissance de l'identité nationale et des droits fondamentaux
", trimbalés d'une constitution à une autre, aura donc à patienter pour
son application effective.
* Avocat près la cour d'Annaba Membre du RADDH et de LADDH
[1] Le préambule de la constitution algérienne prévoit que : " les
composantes fondamentales de l'identité algérienne sont l'islam, l'arabité et
l'amazighité ".
[2] Rapporté par Muslim, dans son Sahih (authentique) page 1398,et aussi par Abû
Dâwûd, At-Tirmidhî et IbnMâjah.
[3] Voir notre contribution intitulée " Un progrès d'un gout inachevé
",parue au quotidien national d'information LIBERTE,N° 6383,du 14 Aout
2013, rubrique : contribution, page 9.
[4] -Le décret 81/28, du 070/3/1981 relatif à l'arabisation de
l'environnement.
- La loi 91/05, du 01/01/1991 relative à la généralisation de l'utilisation de
la langue arabe.
Cette page est en construction. Elle peut être modifiée à tout moment !
Les listes ne sont
pas closes, bien-sûr. Elles concernent toutes les régions du pays. Elles sont à
compléter, après enquête et vérification. Toute suggestion est bienvenue.
Sources :
J.M.DALLET, Dictionnaire Kabyle-Français, ed. SELAF, 1982
Encyclopédia
Universalis
Wikipedia
Site
Web MSN
Enquêtes personnelles.
Ont participé à l’élaboration de ces listes : Djamel Arezki
Mohand Ait-Ighil
Ɛmer Mezdad